Développement personnel : les limites de ce nouveau business – Actuel Nouvelle-Calédonie

Développement personnel : les limites de ce nouveau business

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Comment gérer son stress ? Être soi parmi tous les autres. S’épanouir au travail. Être heureux. Voilà tant de sujets que vous avez sans doute abordés un jour. Pour cela, vous avez sûrement appelé des professionnels du développement personnel qui semblent avoir les méthodes et les bonnes formations pour atteindre vos objectifs. Ces nouveaux programmes vendus des fortunes sont-ils vraiment bénéfiques ? Qui se cache derrière lesdits professionnels du « dev’perso » ? Comment reconnaitre les escroqueries ?

les différents champs d’action du développement personnel

Le développement personnel englobe un vaste monde qui aiderait au travail sur soi, à surmonter d’éventuels blocages ou à s’épanouir dans nos vies professionnelles et personnelles. La parfaite connaissance de son soi permettrait d’étendre notre plein potentiel pour en favoriser notre succès. Le développement personnel serait alors la quête pour réaliser nos rêves.

Plusieurs types d’opérations existent. Parmi eux : vaincre ses phobies, passer au-dessus de sa timidité, réussir à avoir confiance en soi. Dans tous les accompagnements qu’on vous propose, votre objectif est d’être toujours mieux, toujours plus. Vous devez enrichir vos performances pour réussir à vous organiser, à gérer votre temps, à obtenir des résultats sur vos business.

La transformation de soi, l’amélioration de nos prestations ou la vie au cœur de notre force sont les branches les plus répandues du développement personnel. Ainsi, il n’est pas rare de cliquer sur un enseignement pour aider à surmonter ses blocages qui vous expliquent comment utiliser la lithothérapie dans ces cas-là. Certaines formations peuvent même vous proposer des soins énergétiques pour vous aider à libérer vos émotions.

Difficile de s’y retrouver dans cette jungle de nouvelles méthodes et de différents métiers. Entre les coachs énergéticiens, les coachs de vie, ou encore les professionnels qui soutiennent les entrepreneurs. Il est tout à fait possible de tirer profit de la spécialité de chacun. Quand certains experts travaillent sur les énergies alors que d’autres sont plutôt orientés sur la création de société, les deux ne sont pas forcément des gourous. Mais les deux ne peuvent pas nécessairement œuvrer dans le même domaine. On imagine mal un chef d’entreprise répéter ses mantras et faire ses séances de spiritisme avant une réunion avec sa banque. Au même titre qu’il est difficilement envisageable de voir une énergéticienne faire un footing ou un entraînement de boxe dans le but de façonner son mental pour son prochain rendez-vous. À chaque domaine, son professionnel.

les abus et dérives

Quand on commence à s’intéresser au développement personnel, on atterrit bien souvent dans un monde qui semble nous ouvrir toutes les portes du possible. Curieux et désireux de réussir tous les objectifs proposés, nous voilà plongés dans un besoin insatiable de lire. Mais aussi de se former, d’écouter, de suivre les meilleurs, de réaliser les soins qu’on nous explique et de faire tous les programmes des plus standards aux plus saugrenus. Ce besoin de succès devient une véritable obsession et tous les moyens sont bons pour y parvenir. L’univers du possible est là, devant nous, et il nous est inenvisageable de passer à côté.

Certains même deviennent addicts de ces pratiques, dans certains cas sans résultats, mais avec l’espoir qu’un jour, ils se transforment en ceux qu’ils cherchent à changer grâce à ces méthodes. On devient des boulimiques de conseil. Le risque ? On maîtrise théoriquement tout ce qu’il faut faire. Mais le temps consacré à la formation ne nous permet pas d’intégrer les informations et même quand on sait, on ne fait pas. Alors rien n’évolue.

Pire encore, cette envie et ce besoin inconditionnel de réussite nous aveuglent parfois sur les dérives. James Arthur Ray, par exemple, est un américain tristement connu pour ses actions au cœur d’une secte dite New Âge. Aujourd’hui, trois morts et une vingtaine de blessés sont connus pour avoir obéi au gourou américain. Même s’il rejette la faute, car selon lui, il ne se trouvait pas sur les lieux au moment du drame. Comme chaque année, James organise un séminaire à Sedona. Cette année-là, James, Liz et Kirby ont succombé au bout de deux heures passées dans l’équivalent d’un sauna improvisé et chauffé à 50°. Certains participants ont vomi, d’autres ont supplié le gourou d’avoir de l’eau, en vain. Convaincu que cette célébration purifie le corps et l’esprit, James les oblige à rester tout le temps de la cérémonie dans cette atmosphère morbide. L’organisateur a préféré quitter les lieux plutôt que de résister aux demandes de ses disciples.

Cette histoire n’est pas un cas isolé et on retiendra en particulier la plus meurtrière dans le domaine des sectes : le massacre de Jonestown. Ce jour de 1978, 913 adeptes du Temple, dont 276 enfants meurent après l’absorption de poison dans le seul but de réaliser un suicide collectif. Cet acte a été orchestré par Jim Jones, un américain qui avait réussi à atteindre une notoriété importante au sein de la classe politique et de la presse, lui permettant d’être au-dessus de tout soupçon. La majorité de ce genre de pratiques n’est pas réglementée, et pour la plupart, l’absurdité ou l’incohérence de certains comportements devraient mettre la puce à l’oreille.

Tirer le meilleur de ce qu’on apprend

Heureusement, le développement personnel ne tient pas qu’à rejoindre une secte. Ainsi, il aide à travailler sur certains aspects de nos vies qui relèvent de la psychanalyse. La psychologie et la psychothérapie sont aussi des techniques pouvant nous aider à nous bâtir ou à nous reconstruire. Certaines méthodes légères et faciles permettent de commencer à façonner seul son soi comme Lise Bourbeau au travers des 5 blessures qui empêchent d’être soi-même. Cela peut devenir une réelle souffrance qu’il est difficile de transcender.

A contrario, lorsqu’on apprend que le positif attire le positif, il n’est pas forcément bon non plus de ne pas admettre un sentiment négatif sous prétexte qu’on risquerait de s’exposer aux foudres de l’univers. Certains avouent se sentir coupables de pleurer, car pour eux, c’est un manquement à la loi du ciel.

Alors, la première chose à faire avant de se lancer dans le monde fabuleux du développement personnel, c’est d’accepter ce que nous sommes, ce que nous ressentons. Tolérer que nous ne vivions pas de la même façon l’expérience A que notre voisin ou que nous ne soyons pas nécessairement d’accord avec l’affirmation B de cette nouvelle coach de vie sur Instagram. L’idée, c’est de comprendre ce que nous sommes en mesure d’accepter et d’ouvrir son esprit sans pour autant se mettre des barrières ou pire, s’obliger à faire ce qu’on ne veut pas faire. Ce n’est pas grave de ne pas répéter les 5 mantras pour débuter votre journée. Ça l’est encore moins si vous avez jeté l’éponge sur le projet du jour après 4h passées dessus sans réussir à aboutir quelque chose. Beaucoup trop de ceux qui font du développement personnel se contraignent et se mettent une lourde pression pour réussir à obtenir les résultats tant désirés. Mais se forcer, se créer du stress ou s’obliger, cela ne changera rien à la détresse dans laquelle vous vous trouvez si vous avez besoin d’être aidé ou d’être accompagné. Arrêtez de vous mettre la pression. Mais aussi déculpabilisez ! La vie quotidienne nous oblige à chercher le meilleur : il faut être une belle personne, qui a un bon emploi, qui a une vie saine, qui sait s’amuser, qui poste de jolies photos sur les réseaux sociaux, etc. Mais vous ne pouvez pas être cette personne chaque jour. Inutile de vous obliger à manger un bol de flocon d’avoine et à méditer pour bien démarrer la journée. Mais si vous devez vous mettre la pression pour apprendre à vous détendre, alors ça n’a aucun intérêt. Tout ce que vous assimilez et tout ce que vous mettez en place doit correspondre à votre vie et doit vous correspondre. Vous devez prendre du plaisir à le faire, vous devez avoir le temps de le faire, et ne pas vous sentir obligé ou culpabiliser si vous ne l’avez pas fait. Vous êtes seul responsable de votre vie, on vous le dit, on vous le répètera. Essayez des choses. Si ça vous convient, mettez-les en place, à votre rythme. Sinon, passez à autre chose.

N’essayez pas de vous forcer, ne culpabilisez pas et ne le faites pas parce que votre voisine s’y est initiée. Apprenez la bienveillance envers vous-même avant de la travailler avec les autres et acceptez que vous soyez une personne à part entière avec ses besoins et ses envies. Sachez que vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec tout ni avec tout le monde.

Par Cindy Johnston

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