Syndrome des ovaires polykystiques : ce qu’il faut savoir – Actuel Nouvelle-Calédonie

Syndrome des ovaires polykystiques : ce qu’il faut savoir

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Tout savoir sur le syndrome des ovaires polykystiques. Vous en avez peut-être déjà entendu parler : le syndrome des ovaires polykystiques est un trouble hormonal qu’on rencontre fréquemment chez les femmes, notamment celle en âge d’avoir des enfants. Il se traduit par des anomalies du cycle menstruel, de l’acné, une pilosité excessive, un surpoids et dans les cas extrêmes, une infertilité. En 2022, il n’existe pas encore de traitement spécifique. Mais les espoirs se portent sur les recherches en cours qui pourraient changer la donne en améliorant la compréhension des mécanismes complexes qui sont à l’origine de cette maladie.

Comprendre le syndrome des ovaires polykystiques

Ce dérèglement hormonal trouve son origine du côté des ovaires et/ou du cerveau. C’est la production excessive d’androgènes, et en particulier de testostérone, qui engendre ce déséquilibre. Les femmes atteintes de ce trouble possèdent un taux de testostérone particulièrement élevé. Aussi appelé SOPK, l’anomalie hormonale a été découverte dans les années 30 lorsque les médecins pensaient à des kystes dans les ovaires de leur patiente. Ils se sont aperçus alors qu’il s’agissait de multitudes de follicules au développement inachevé.

Les symptômes qui doivent vous alerter

Trouble de l’ovulation

Bien souvent, les femmes constatent en premier la rareté voir la disparition d’ovulation (dysovulation ou anovulation). Leurs cycles sont irréguliers, plus longs (on parle de 35 à 40 jours), voire totalement absents.

Hyperandrogénie

Hyperandrogénie se caractérise par la production excessive de testostérone. Cette anomalie entraîne une hyperpilosité chez 70 % des femmes atteintes du syndrome, de l’acné et une chute des cheveux.

Syndrome métabolique

La prise de poids provoquée par l’hyperandrogénie entraîne l’insulinorésistance, voire le diabète. Les patientes atteintes du syndrome risquent aussi une élévation de la menace d’hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires. Pour poser le diagnostic de SOPK, la patiente doit présenter au moins deux de ces symptômes sur trois, en l’absence d’une autre maladie possiblement responsable de la sécrétion d’androgènes.

Confirmer le diagnostic

À chaque début du cycle menstruel, les ovaires contiennent chacun 5 à 10 petits follicules d’environ 5 mm. Seul l’un d’entre eux deviendra un ovocyte fécondable. Bloqué par l’excès d’androgène, les follicules immatures s’accumulent et aucun ne prédomine. Une simple échographie pelvienne pourra montrer ces nombreux follicules, environ 20, et plus gros (environ 9 mm) avec un volume ovarien important. Attention toutefois, ce seul diagnostic ne suffit pas pour dépister l’anomalie puisque des femmes peuvent être concernées sans pour autant présenter les autres symptômes de la pathologie. Pour compléter la recherche du syndrome, un bilan biologique doit être effectué entre le 2e et le 5e jour de cycle. Ce bilan révèle le dosage de FSH et de la LH, deux hormones produites par l’hypophyse. Cette glande située à la base du cerveau contrôle la production hormonale ovarienne et le cycle. Une analyse est également pratiquée entre le 2e et le 5e jour du cycle. Si la patiente n’a pas de règle, le médecin va volontairement les provoquer avec un traitement à base de progestérone et administré pendant 10 jours. Les résultats montrent alors :

  • une inversion du rapport FSH/LH ;
  • une élévation des androgènes ;
  • une tendance au diabète et à l’hyperinsulinémie ;
  • Une maladie de cause multifactorielle.

La provenance du SOPK n’est pas encore clairement identifiée. Cependant, les chercheurs évoquent la possibilité qu’il trouve son origine du côté ovarien ou du côté du cerveau. Les substance FSH et LH orchestrent le cycle ovarien : leurs taux varient au cours du cycle, régulant la production d’hormones par les ovaires et provoquant l’ovulation. Lorsqu’une patiente est atteinte de SOPK, la sécrétion est perturbée. La LH est anormalement élevée pour la majorité des femmes frappées par cette pathologie. Elle n’augmente pas au milieu du cycle comme il devrait le faire pour déclencher l’ovulation. De l’autre côté, les ovaires produisent beaucoup trop d’androgènes, ce qui déclenche une élévation du taux de testostérone responsable de l’excès de pilosité. Enfin, le taux sanguin d’insuline a aussi tendance à croître.

Les causes

Elles sont très probablement multifactorielles : génétiques, épigénétiques et environnementales. À peu près une vingtaine de gènes de prédisposition au syndrome ont été identifiés, mais pour le moment, ils expliquent moins de 10 % des cas de SOPK. Des facteurs environnementaux tels que les perturbateurs endocriniens sont également soupçonnés de jouer un rôle dans l’apparition de la maladie, mais aucune étude ne le prouve. À long terme, le SPOK entraîne des complications. En effet, la sécrétion anormale d’androgènes par l’ovaire favorise le développement d’une adiposité qui prédispose la patience à de l’insulinorésistance. Le syndrome augmente le risque de syndrome métabolique conduisant lui aussi à l’insulinorésistance puis au diabète, ces derniers constituant un facteur de risque de maladies cardiovasculaires.

Un traitement uniquement symptomatique

Le traitement de la pathologie est uniquement symptomatique et ceci jusqu’à la ménopause. Il repose notamment sur une amélioration de l’hygiène de vie, un traitement médicamenteux en cas d’infertilité surtout, et un accompagnement psychologique lorsque cela s’avère nécessaire. Dans le cas de personnes atteintes de surpoids, une perte d’environ 10 % du poids initial réduit l’hyperandrogénie et montre un effet bénéfique sur les cycles. Sur du plus long terme, cette perte de poids entraîne un ralentissement des risques de complications métaboliques associées au SOPK. Si la patiente est sujette à l’hirsutisme, une pilule œstroprogestative sera prescrite en première approche dans le but d’inhiber la sécrétion de LH et réduire la production d’androgènes ovariens. Les anomalies métaboliques sont quant à elles traitées par des mesures diététiques et éventuellement des médicaments antidiabétiques le cas échéant.

À ce jour, les chercheurs tentent de comprendre le lien entre SOPK et les troubles métaboliques. Ce travail est en cours et permettra de développer de nouveaux traitements, adaptés pour traiter toutes les complications en une seule fois et s’attaquant directement à la cause du problème plutôt qu’à chaque symptôme indépendamment. Pour cela, ils s’intéressent aux dérèglements endocriniens qui s’opèrent au niveau du cerveau : de plus en plus de données indiquent en effet que c’est à ce niveau que se situerait la clé du problème. Les chercheurs y étudient en particulier les anomalies de production de la GnRH et son impact sur la sécrétion de LH et FSH, puis sur le contrôle du cycle ovarien. Des essais précliniques ont d’ores et déjà permis de tester des antagonistes des récepteurs au GnRH, avec des résultats prometteurs.

Cindy Johnston

Par Cindy Johnston

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