Windfoil : Un sport à fleur de l’eau – Actuel Nouvelle-Calédonie

Windfoil : Un sport à fleur de l’eau

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En Nouvelle-Calédonie, les sports nautiques sont une véritable addiction. Kitesurf, planche à voile, stand-up paddle et sans compter le petit dernier, le windfoil. La pratique s’observe de plus en plus dans le lagon calédonien.
Décryptage d’un sport de glisse pas comme les autres.

Par Lizzie Carboni

 

Voile au vent, pieds sur la planche et une planche qui ne touche pas l’eau. Étrange, nous direz-vous, mais pas tant que ça. Lors de vos sorties en mer ou de vos balades le long de l’Anse-Vata, vous avez déjà dû apercevoir ces étranges planchent qui volent à la surface de l’eau. La discipline se cale sur celle de la planche à voile à une différence près : la planche ne possède pas d’aileron pour l’aider à naviguer mais un foil. Pour faire plus simple, le foil est une aile, en forme de T composé d’un mat, de petites ailes et d’un stabilisateur, qui permet à son utilisateur, une fois sur la planche, de décoller. A mi-chemin entre l’apesanteur et l’agilité, le cavalier qui chevauche son windfoil se doit tout de même de maîtriser son matériel. « On a la sensation que l’eau est en trois dimensions, on sent la perturbation de la vague, c’est vraiment du pilotage » explique Benjamin Tillier, ancien champion de France de planche à voile et initiateur du windfoil sur le Caillou. Bien avant que le foil soit fixé sur les planches à voile, la pratique a commencé avec le kitesurf, que l’on appelle donc le kitefoil, en 2010-2011 en Métropole.

Des sensations uniques

Mais à en écouter Benjamin Tillier, le windfoil est sans hésiter la meilleure façon de faire de nouvelles expériences et d’éprouver des sensations comme nul part ailleurs. « Pour moi qui suis un habitué, ce qui change de la planche à voile, c’est le calme. Il n’y a plus un bruit, on glisse réellement sur l’eau, c’est comme si on avait mis sur pause » décrit cet ancien champion. Les plus qualifiés savent aussi que le windfoil, en matière de pratique, est sans égale.

À la différence d’une planche à voile classique qui demande un minimum de 15 à 20 nœuds pour naviguer et plusieurs tailles de voiles, le foil permet de s’amuser avec même la plus petite force de vent. Le meilleur terrain de jeu ? Le plan d’eau de l’Anse-Vata. « L’alizé en Nouvelle-Calédonie est le jouet idéal et la différence avec ce sport, c’est qu’on peut remonter au vent, partir dans n’importe quelle direction.

Par exemple, on peut partir de l’Anse-Vata jusqu’à la côte blanche sans problème. Avec une planche à voile classique, on fait plutôt l’aller-retour de l’Anse-Vata à l’îlot canard » explique Benjamin Tillier.

« Pour trouver les limites, il faut les dépasser »

Au début des années 2000, c’est le surfeur américain Laid Hamilton qui décide de fixer un foil sous sa planche à voile pour la première fois. À l’époque, trop lourd, le foil a depuis évolué avec son temps.

Autrefois fabriqué en aluminium, le matériau a vite été abandonné pour le carbone, plus léger, plus tenace dans le temps et avec plus de possibilités de forme à la fabrication. En 2013, à son retour de Métropole, Benjamin Tillier ramène le Graal dans ses bagages.
« Quand je suis revenu, j’étais un peu comme un extraterrestre. Soit les gens étaient impressionnés soit ils disaient que ça ne marcherait jamais » se souvient le jeune homme. Après plusieurs gamelles sur l’eau, il comprend vite que le windfoil a quand même du potentiel pour les passionnés calédoniens. Très vite, une marque de planche à voile internationale le contacte et lui envoie du matériel pour tester différents prototypes. « Le photo shooting au phare Amédée en 2016, a d’ailleurs été fait pour lancer la première production. Je voulais que la Nouvelle-Calédonie soit représentée » indique Benjamin Tillier.

 

Un sport qui rassemble

Très vite, les passionnés de planche à voile du territoire ont pris goût à la discipline. « Une fois qu’ils s’y sont essayés, ils ne touchent plus du tout à une planche à voile » rigole Benjamin Tillier. En plus d’être un sport qui semble venir du futur, le windfoil a su trouver sa place dans le paysage sportif calédonien. Il fédère aussi bien les plus jeunes de 12-13 ans que les anciens, et même des passionnés d’autres sports comme le kitesurf. Benjamin Tillier nous confie même que Sean, l’homme à la camionnette blanche, véritable pilier de l’Anse-Vata et amoureux de planche à voile, a aussi succombé à la pratique. Si vous aussi vous êtes intrigué par ces étranges spécimens qui sillonnent le lagon calédonien, à l’Anse-Vata, Aloha Windsurfing vous permet d’en louer.

Pour les débutants, des cours sont proposés et pour les plus aventuriers, il vous sera possible de louer un foil pour vous essayer au sport de glisse qui a conquis le cœur de tous les champions.


L’homme qui sait voler

Une chose est sûre, Benjamin Tillier est né avec une bonne étoile au-dessus de son berceau. Calédonien, c’est son père qui depuis tout petit, l’a initié à tous les sports aquatiques. Pour marcher dans les pas de son paternel ancien champion de planche à voile, Benjamin se lance dans la pratique de l’optimisme à l’âge de 10 ans, à l’ACPV.  Il fait ses premières compétitions et très vite, c’est la planche à voile qui l’attire plus que tout. Charles Cali, l’entraîneur de l’ex-champion de voile Michel Quintin, le prend sous son aile et l’emmène à son premier championnat de France minimes en Bretagne, à seulement 14 ans. « Je suis arrivée avec mon short à fleurs et mes claquettes, avec 100 participants sur la ligne de départ, j’étais comme un extraterrestre ! » rigole Benjamin. Il enchaînera très vite avec d’autres championnats de France dans différentes catégories et même les championnats d’Europe. Titre de champion de France en poche, il intègre après son BAC en 2003, l’équipe de France. En 2012, alors qu’il est remplaçant aux Jeux Olympiques de Londres, il arrête les compétitions et se consacre à ses études. Aujourd’hui kinésithérapeute au centre médico sportif, à 33 ans, ce jeune père de famille trouve quand même le temps de s’adonner à sa passion de toujours. Après avoir découvert le foil en 2012, hors de question de s’arrêter là. Pour lui dès que les conditions « ça claque », il n’hésite pas à se jeter à l’eau. Il est aussi entraîneur des plus jeunes à l’ACPV et a même initié le Calédonien Thomas Goyard, aujourd’hui premier champion du monde de windfoil.

 

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