Bornéo, une île grandeur nature – Actuel Nouvelle-Calédonie

Bornéo, une île grandeur nature

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Bornéo, en Asie du Sud est, est la quatrième plus grande île du monde. Baignée par les eaux des mers de Chine, de Sulu, de Java et des Célèbes, elle abrite un écosystème à la richesse aujourd’hui menacée, refuge des éléphants pygmées et de huit espèces de singes dont les orangs-outans.

Par Adeline Louault Pron

Des plages paradisiaques, une forêt primaire parmi les plus anciennes au monde, une faune étrange et fascinante… Bornéo incarne le fantasme tropical. Dominée par le mont Kinabalu, point culminant de l’Asie du sud est (4095 mètres), cette jungle luxuriante, composée de mangroves aux palétuviers majestueux, de marécages bordés de chênes, de lichens et de plantes carnivores représente seulement 1% des terres de la planète mais détient environ 6% de la biodiversité mondiale ! Selon WWF, depuis 1995, six cents espèces inconnues y ont été identifiées dont une grenouille sans poumons ou le plus long phasme jamais répertorié (56,7 centimètres). Les deux états composant la partie malaisienne de l’île, Sabah et Sarawak, méritent le détour. C’est dans le premier, au nord, que l’on peut gravir le Mont Kinabalu, au cœur du parc national du même nom. Classé au patrimoine de l’Unesco, il abrite une flore exceptionnelle. Son ascension se fait en deux jours avec un guide et nécessite une bonne condition physique. Admirer le lever du soleil depuis le sommet est une expérience mythique.

Safari sur la rivière Kinabatangan

Dans l’état du Sabah, près de Sukau, on facilement chez l’habitant ou dans des lodges. L’éco-tourisme s’est développé au début des années 90, notamment le long du fleuve Kinabatangan, connu pour être le repère de bon nombre d’animaux dont les fameux éléphants pygmées. De la même famille que les éléphants d’Asie mais de 50 cm à 80 cm plus petits, ils sont particulièrement dociles. On ignore leur origine mais la croyance la plus répandue veut qu’ils descendent d’éléphants domestiques importés de Java puis abandonnés.
L’ONG Hunan, créée par une primatologue et un vétérinaire du monde sauvage, propose aux voyageurs de partager certaines de ses activités. Oeuvrant pour la protection des espèces en voie de disparition, elle est épaulée par Red Apes Encounters, une association fondée par la communauté locale. A travers différents projets montrés sur le terrain, les visiteurs découvrent la complexité des enjeux écologiques, comme la cohabitation entre l’homme et l’animal dans un espace de vie restreint. Des safaris de jour et de nuit sont organisés sur le fleuve et permettent d’apercevoir la diversité de la faune. Nasiques – singes endémiques au curieux nez proéminent -, gibbons, macaques, calaos, aigrettes, martins-pêcheurs, crocodiles et parfois orangs-outans se laissent observer en toute quiétude. L’autre étape incontournable du Sabah est le parc Gunung Mulu, célèbre pour ses pinnacles aux pointes acérées et ses grottes gigantesques abritant de magnifiques formations calcaires et… des colonies de chauve-souris !

L’orang outan, un animal en danger

Le Sarawak, le second état malais de Bornéo, recèle également bien des trésors. Sa capitale, Kuching, est à découvrir, notamment pour ses bazars aux épices, ses marchés, ses façades colorées, ses quartiers animés, mais aussi pour ses musées. On peut la parcourir à pied, à vélo ou en bateau, lors d’une balade sur le fleuve Sarawak. Le parc national de Bako, à une quarantaine de kilomètres de là, est un lieu idéal pour les amoureux de la nature. On accède en bateau à ce site à la végétation luxuriante et préservée où vivent nasiques, cochons sauvages, varans, lémurs à queue argentée et d’autres espèces encore. Un guide naturaliste accompagne les visiteurs à travers l’un des 17 sentiers serpentant entre jungle, falaises et plages sauvages.
Fondé en 1975, le parc de Semenggoh, à 24 km de Kuching, est le plus grand centre de réhabilitation pour les orangs-outans de Sarawak. La réserve, qui recueille et soigne les singes orphelins ou blessés, abrite une dizaine d’individus évoluant dans le sanctuaire en liberté quasi totale. Placé sur la liste rouge des espèces en danger par l’union internationale pour la conservation de la nature, ce grand singe arboricole aujourd’hui uniquement visible à Bornéo et Sumatra (Indonésie) a perdu, en 16 ans, près de 150 000 de ses congénères à cause de la déforestation et de l’exploitation des ressources naturelles. Bornéo possède un type de forêt particulier dit diptérocarpe avec de très grands arbres surplombant les autres. Cet habitat précieux pour la faune et la flore est désormais gravement menacé par le commerce du bois et du papier mais aussi par l’industrie alimentaire avec l’accroissement de la consommation d’huile de palme. Bien qu’officiellement interdit depuis 1982, l’abattage des arbres perdure aujourd’hui de manière illégale.

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